Nathalie Sarraute, née
Nathalie (Natacha) Tcherniak à
Ivanovo, en
Russie, le
18 juillet 1900, et décédée à
Paris le
19 octobre 1999, est une écrivaine française d'origine
russe. Elle est la mère de
Claude Sarraute, journaliste, romancière et comédienne.
Biographie
Nathalie Sarraute, née sous le nom de Natalyia Tcherniak, voit le jour le
18 juillet 1900 à
Ivanovo, près de
Moscou, dans une famille de la bourgeoisie juive, aisée et cultivée. Après le divorce de ses parents, la jeune Nathalie quitte la Russie pour un temps et vient à Paris avec sa mère. Elles habitent dans le cinquième arrondissement. Elle va à l'école maternelle de la rue des Feuillantines. Chaque année, elle passe un mois avec son père, soit en Russie, soit en Suisse. Nathalie Tcherniak retourne en Russie, à Saint-Pétersbourg, avec sa mère et le nouveau mari de celle-ci, Nicolas Boretzki. Ilyanova Tcherniak, le père de Nathalie, qui connaît des difficultés en Russie du fait de ses opinions politiques, est contraint d'émigrer à Paris. Il va créer une usine de matières colorantes à Vanves.
La jeune Nathalie grandit avec Véra, la seconde femme de son père, et a une éducation cosmopolite. Elle poursuit en effet des études d'anglais et d'Histoire à Oxford, de Sociologie à Berlin, et de Droit à Paris. Elle devient ensuite avocate, inscrite au barreau de Paris. Elle entame également une carrière de juriste internationale. En 1925, elle épouse Raymond Sarraute, avocat comme elle, et de cette union naissent trois enfants : Claude, née en 1927, Anne et Dominique.
Parallèlement, Nathalie Sarraute découvre la littérature du XXe siècle, spécialement Marcel Proust, James Joyce et Virginia Woolf, qui bouleversent sa conception du roman. En 1932, elle écrit les premiers textes de ce qui deviendra Tropismes où elle analyse les réactions physiques spontanées imperceptibles, très ténues à une stimulation : « mouvements indéfinissables qui glissent très rapidement aux limites de la conscience ; ils sont à l'origine de nos gestes, de nos paroles, des sentiments que nous manifestons, que nous croyons éprouver et qu'il est possible de définir ». Tropismes sera publié en 1939 et salué par Jean-Paul Sartre et Max Jacob.
En 1941, Sarraute est radiée par deux fois du barreau, à la suite des lois anti-juives, et se consacre alors à la Littérature.
En 1964, elle reçoit le Prix International de Littérature pour son roman Les Fruits d'or.
Elle meurt à Paris le 19 octobre 1999, et est inhumée à Chérence, dans le Val-d'Oise.
Les enjeux de l'écriture
En
1956, Sarraute publie
L'Ère du soupçon, essai sur la littérature qui récuse les conventions traditionnelles du
roman. Elle y décrit notamment la nature novatrice des oeuvres de Woolf, de
Kafka, de Proust, de Joyce et de
Dostoïevski. Elle devient alors, avec
Alain Robbe-Grillet,
Michel Butor ou encore
Claude Simon, une figure de proue du courant du
Nouveau roman.
Sarraute ambitionne d’atteindre une « matière anonyme comme le sang », veut révéler « le non-dit, le non-avoué », tout l’univers de la “sous-conversation”. N'a-t-on pas dit d'elle qu'elle s'était fixé pour objectif de « peindre l'invisible » ? Elle excelle à détecter les « innombrables petits crimes » que provoquent sur nous les paroles d’autrui. Ces paroles sont souvent anodines, leur force destructrice se cache sous la carapace des lieux communs, gentillesses d’usage, politesses… Nos apparences sans cesse dévoilent et masquent à la fois ces petits drames.
Le terme « Tropisme », emprunté au langage scientifique, désigne, on le sait, l'orientation des plantes en fonction de leur milieu. Chez Sarraute, qui a intitulé sa première publication Tropismes, ce vocable renvoie à des mouvements intérieurs presque insensibles dus à des causes extérieures: phrases stéréotypées, conventions sociales. Sous la banalité apparente de ces conventions langagières, il existe en effet des rapports humains complexes, des sentiments intenses, voire violents (sensations d'enfermement, d'angoisse, de panique). Sarraute les décrit comme des mouvements instinctifs, déclenchés par la présence d'autrui ou leurs paroles. Tropismes, refusé par Gallimard et par Grasset, ne sera reconnu par la critique qu'une quinzaine d'années après sa parution.
En 1983, Sarraute publie Enfance, qui fait revivre le monde disparu des émigrés russes à Paris au début du XXe siècle. Dans ce recueil de scènes isolées, l'auteur s'efforce de retrouver ce qui constitue sa personnalité, s'attachant en particulier à reconstituer ses premières rencontres avec les mots, le plaisir de la lecture et l'activité introspective de l'écriture. Écriture à deux voix, ce texte se présente sous la forme d'un dialogue entre l'écrivain et son double, qui soumet l'entreprise autobiographique à un contrôle à la fois constant et rigoureux.
OEuvres
L’oeuvre de Nathalie Sarraute a été traduite en plus de trente langues. Elle est un des rares écrivains à avoir été publiée de son vivant dans la Bibliothèque de la Pléiade (OEuvres complètes, 1996).
Notes et références
Liens externes